Quand je vous le dis :
par Martine Montémont
« Je voulais préciser à l’occasion que le père dominicain Michael Najeeb qui a sauvé en Irak des milliers de manuscrits des destructions ordonnées par Daech serait un des invités des Assises Internationales du Roman qui se tiendront à la Villa Gillet à Lyon du 20 au 26 mai. Mais dire un mot sur l’incendie de Notre Dame qui, comme le disait Victor Hugo est elle aussi une formidable bibliothèque, conçue et construite à l’époque où l’architecture suppléait l’écriture, semble indispensable. Quelques soient les résultats de l’enquête qui concluait pratiquement à l’accident avant même d’avoir commencé, une seule chose est certaine, c’est que nous n’avons pas su la protéger ! »
Pour choisir une cinquantaine de livres censés illustrer « L’Odyssée des Livres sauvés » l’exposition qui se tient au musée de l’Imprimerie et de la Communication Graphique à Lyon, il fallait choisir une thématique très rigoureuse et s’y tenir...
Car nombreux sont les ouvrages malmenés que reçoit le musée dont la vocation est de conserver l’écrit dans tous ses états. L’exposition s’articule en 4 secteurs qui sont autant de périls auxquels sont confrontés les livres.
Les catastrophes naturelles qui les brûlent, les noient, les détruisent sans que l’homme y soit forcément pour quelque chose. Comme les 8 millions d’ouvrages sauvés en 1966 à Florence de la crue de l’Arno par ceux que l’on a baptisés « les Anges de la Boue » .
Et ceux que l’éboueur José Alberto Gutierrez a récupérés dans les poubelles de Bogota pour les donner à lire aux habitants d’une ville immense qui ne compte jamais que 8 bibliothèques.
Parmi les livres défendus, frappés par la censure, on en découvre certains caviardés par leur propriétaire sans doute incommodés par leurs écrits.
Des livres dispersés, il en existe tant au cours de la seconde guerre mondiale (5 à 10 millions furent spoliés) que les organisateurs de l’exposition avait tenté de s’en écarter. Reste que, comment occulter le « Verfügbar aux Enfers » écrit par Germaine Tillon à Ravensbrück (même si « cette meuf là aussi elle est dead » comme dirait gracieusement l’inestimable Sibeth N’Diayé par ailleurs porte-parole du gouvernement de la France)
Parmi les livres qui sauvent, ceux dont la lecture donne un sens à nos vies, Hemingway, Mary Shelley et son « Frankenstein » imposent leur présence.
Et aussi, cette relation illustrée de Nietsche à l’agonie dont la sœur Elisabeth Foster Nietsche interdisait la porte. Prête à une destruction de son œuvre comme la sœur de Rimbaud en son temps.
En fil rouge de l'exposition qui dure jusqu’au 22 septembre et pour en illustrer chaque propos les œuvres du jeune graphiste lyonnais Yann Damezin achèvent d’imprimer la mémoire.
À lire et conserver précieusement « 50 histoires de livres sauvés » par Kamel Daoud et Raphaël Jerulsalmy avec l’appui de Joseph Belletante et Bernadette Moglia publié par l’Imprimerie Nationale à l’occasion de l’exposition.