Lyon la gourmande a son salon de la gastronomie ! On devrait dire « enfin » ! Alors que le Sirha, salon des Métiers de Bouche professionnel et ses illustres concours comme la Coupe du Monde de la Pâtisserie et surtout le Bocuse d’Or, bat son plein à Eurexpo du 24 au 28 janvier, les Lyonnais et tous ceux qui les visitent à l’occasion, sont aussi invités à la fête...
A Lyon, on attendait cela depuis plus de 30 ans ! Quand le Sirha, qui s’appelait alors le Salon des Métiers de Bouche a vu le jour dans les anciens locaux de la Foire de Lyon, désormais investis par la Cité Internationale, bien des Lyonnais se sont imaginé qu’il s’agissait d’une grande fête de la gastronomie dans la ville avec forces dégustations, pléthore de chefs et événements gourmands au fil des allées d’un salon qui a pris au fil des ans une telle importance qu’il est désormais le tout premier à offrir une vision complète de l’avenir des métiers de bouche, le plus vivant des observatoires et surtout, là où naît la tendance. Les professionnels ne le manqueraient sous aucun prétexte.
La fin d’une frustration
C’est là que s’installe le malentendu. Très vite les Lyonnais des années 80 ont cru pouvoir se féliciter de voir s’installer chez eux un salon de la gastronomie où ils pourraient se rendre pour découvrir et déguster quantité de nouveautés.
Grave erreur ! Le Sirha est réservé aux professionnels. Ils sont déjà près de 200.000 visiteurs à défiler à Lyon pendant ces 5 journées et il est capital, pour que le succès de la manifestation soit au rendez-vous que les exposants rencontrent leurs clients et rien que leurs clients.
Au fil des éditions tous les deux ans, le public s’est d’ailleurs très vite rendu compte que la manifestation n’était pas faite pour lui. Tous ceux qui avaient pu chiner des entrées auprès d’un cuisinier ou d’un vigneron se sont très vite aperçus que ces allées de produits pour la restauration et le matériel collectif n’était pas fait pour eux.
Des initiatives avaient vu le jour en ville. Avec des concours de vitrines pour les commerçants, des tandems qui rassemblaient des chefs, des boutiques et des démonstrations de savoir-faire. Elles ont eu le mérite d’exister.
Mais il fallait s’inscrire dans une manifestation plus ample et soutenir le salon lui-même en organisant un « off » de belle tenue. C’est la qualité de ce qui se passe tout autour qui signe la vraie réussite d’un événement. Comme au festival d’Avignon ou encore à la FIAC à Paris.
Place au BIG et bon appétit !
L’idée de la Biennale du Goût qui va donner à boire et à manger aux 4 coins de la ville aux mêmes dates que le Sirha a été lancée à l’automne avec un appel à toutes les bonnes volontés, la mobilisation de cet engouement pour la magie de la gastronomie et un soutien important des organisateurs du Sirha.
D’autant que, fin novembre, le projet « Lyon et Paul Bocuse fêtent 50 ans d’excellence gastronomique » porté par ONLYLYON venait d’être choisi parmi une quarantaine d’autres comme « Contrat de Destination ». Ce qui va permettre à la ville de pouvoir développer des actions sur 3 ans dans des villes comme New-York, Paris, Milan, Sydney, Londres, Berlin et Zurich.
S’il fut un temps où la réputation de Lyon ville de gastronomie était considérée comme encombrante par certains, le temps était tout de même venu d’arrêter de cracher dans la soupe.
Tout le monde a relevé les manches et s’est investi dans l’enthousiasme. Les pères fondateurs du Sirha et du Bocuse d’Or, Christian Bourillot et tous les MOF, Gabriel Paillasson et tous les artisans de la Chambre des Métiers, l’association des Bocuse d’Or et le chef des chefs lui-même, bien sûr.
Paul Bocuse dont la générosité est proverbiale, a mis au point une recette de soupe « populaire » qui sera distribuée gratuitement dans le tunnel « modes doux » de la Croix Rousse, le plus grand d’Europe (1,7km) et qui sera fermé à la circulation pour l’occasion.
Ce n’est pas la première fois que l’ouvrage est détourné de sa destination première. Déjà, il a servi par deux fois à un usage artistique à l’occasion de la fête des Lumières.
Le 24 janvier, il suffira d’acquitter une somme de 5€ pour y pénétrer, déguster gratuitement un des bols des 2000 litres de soupe préparées pour l’occasion (28 ingrédients différents !), se régaler d’une assiette de fromages préparée par Hervé Mons, illustre fromager et toutes sortes de bonnes choses, du chocolat, des tartes aux pralines et autres merveilles proposées à des tarifs volontairement modiques.
Food trucks etc…
Les artisans en profiteront pour tenter de battre des records. Le plus long plateau de fromages que tentera Hervé Mons pas vraiment inquiet puisqu’il est détenu pour l’heure par nos amis anglais.
Dès le dimanche, ce sont les food trucks, ces camions très en vogue dans les grandes cités, qui proposeront des nourritures variées aux Puces du Canal. Et dans toute la ville, des démonstrations, promenades gourmandes, records, découvertes et initiations avec la plus grande salade de fruits du monde, le plus grand mojito du monde et, en point d’orgue « Le Big !Festiv’Halles » aux Halles de Lyon Paul Bocuse le mardi 27 janvier de 19h30 à minuit.
Toutes ces manifestations sont promises au succès dans une ville où l’on parle cuisine et restaurant à tout bout de champ et où les ménagères échangent même des recettes avec la caissière du supermarché pendant les fêtes.
De quoi mettre du baume au cœur à tous ceux qui avaient été déçus quand la candidature de Lyon au titre de Cité de la Gastronomie avait été quasiment éliminée au profit d’une construction politique destinée à faire plaisir à tout le monde en synthétisant les ambitions de chacun à minima.
Du 24 au 28 janvier, Lyon n’aura pas besoin de décret ministériel pour être sacrée Capitale de la Gastronomie. Elle démontrera qu’elle l’est tout simplement. Pendant 5 jours et le reste du temps aussi.