Quand je vous le dis :
par Martine Montémont
« Plus qu’une semaine pour découvrir l’exposition « Hommage à Jacques Truphémus » jusqu’au 23 avril au musée des Beaux-Arts de Lyon. Et rencontrer l’œuvre de cet artiste lyonnais récemment disparu et notamment son thème brumeux des cafés. »
C’est une véritable exposition événement et, au musée de l’Imprimerie et de la Communication Graphique à Lyon, on n’est pas peu fier d’accueillir l’illustrateur star dont tout le monde connaît les affiches pour les soupes Campbell, les fameuses séries Marilyn et avec elles, les variantes colorées de stars des Sixties...
Mais pour faire la différence avec les autres manifestations qui mettent ses œuvres à l’honneur, il a fallu choisir un angle à la fois très subtil et original. Alors, plutôt que de détailler les quelques 150 objets de l’exposition « Andy Warhol Ephemera » à Lyon jusqu’au 16 septembre, il peut être plus amusant de raconter ses histoires.
Une aventure qui débute à Montréal
L’objet d’abord et pourquoi cette notion d’éphémère. Parce qu’il s’agit d’œuvres qui ont été créées pour un usage limité. Une affiche pour une pièce de théâtre qui ne sera jouée qu’une fois, une couverture de magazine qui n’aura pas survécu…
Il faut dire qu’Andy Warhol était un artiste prolifique et que sa créativité était avant tout stimulée par les commandes. Il ne savait pas dire non et il était toujours partant. Sous prétexte qu’il avait « des bouches à nourrir ». Sa centaine de collaborateurs de la Factory qui avaient besoin de grain à moudre.
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En cela et au niveau de la générosité et de la disponibilité, le collectionneur montréalais Paul Maréchal auquel appartiennent toutes les œuvres exposées choisies dans la collection de quelques 700 pièces qu’il détient, lui ressemble un peu.
En visite à une exposition à Montréal, Joseph Belletante, directeur du musée lyonnais, conçoit l’idée d’une expo Warhol et lui demande si l’idée le séduit. Le collectionneur et auteur de nombreux ouvrages sur Warhol donne son accord en toute simplicité. Et le résultat, c’est une exposition étonnante de documents exclusifs et un catalogue édité pour l’occasion.
Paul Anka comme déclencheur
L’intarissable et chaleureux collectionneur raconte que c’est une pochette de vinyl de Paul Anka qui est à l’origine de sa passion. Suivront une chasse sans répit chez les disquaires, libraires, brocanteurs, bouquinistes qui va rassembler les 2/3 de la collection. Il rassemble ainsi 65 pochettes alors que le musée Warhol de Pittsburgh n’en avait recensé que 23. Elle va s’échouer sur le début des années 2000. Et reprendra de plus belle avec le développement de l’Internet et ses formidables ressources documentaires.
Au fil de l’expo, l’évolution de Warhol au travers de la planche à dessin, des techniques de buvard, du photomaton qui va lui faire mesurer les ressources de la photographie jusqu’à une rencontre avec Steve Jobs auquel il confie sa maladresse avec la souris d’ordinateur et suggère l’idée du stylo digital pour tracer directement sur l’écran.
L’artiste, mort à 58 ans, comptabilise 39 ans de carrière. Il n’avait peur que de 3 choses : manquer d’argent, avoir le cancer et être gros.
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En dehors d’une œuvre prolifique et connue dans le monde entier, on découvrira ces trésors éphémères. Une affiche pour une levée de fonds qui n’aura duré qu’une seule journée ; une autre pour un spectacle de cirque parrainé par Jackie Kennedy ; une brève série de cartes de Noël pour Tiffany ; des portraits de Depardieu, réalisés à partir d’une photographie ; les Beatles, évidemment les Beatles !
Du coup le musée lyonnais de l’Imprimerie et de la Communication Graphique, qui n’en possédait pas, vient de faire l’acquisition de deux œuvres de Warhol. Le début d’une grande histoire et en tout cas d’un succès.