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Quand je vous le dis :
par Martine Montémont

 

 « À l’occasion de la présentation de la 4e exposition de l’année, Hélène Lafont-Couturier, directrice des Confluences en profite pour souligner l'excellente santé du musée malgré de sévères baisses de dotations. Au bout de 3 ans, il affiche une belle fréquentation. Plus importante que celle du Mucem à Marseille qui dispose de 6 millions de budget en plus et de 141 personnes pour le faire tourner contre 94 aux Confluences. Avec les scénographies maison, Confluences vend son expertise dans le monde et assure ainsi son rayonnement. 1/3 des visiteurs, attirés par les spectaculaires expositions programmées, ont ainsi poussé la porte d’un musée pour la première de leur vie. »


Chaque fois qu’une donation conséquente vient enrichir les collections d’un musée, elle suscite aussitôt chez lui, une forte envie de présenter ses trésors au public et de les mettre en valeur...

En l’occurrence ici, d’explorer les stéréotypes attachés aux hommes du désert et la fascination qu’ils exercent sur nous.

Nul doute que l’exposition « Touaregs » au musée des Confluences à Lyon jusqu’au 4 novembre 2018, va passionner les foules. Car elle parle à notre imaginaire à travers les récits de Charles de Foucault et le mythe de l’Atlantide. La scénographie a été réalisée par le musée et les bijoux présentés font partie des collections. Certains objets ont aussi été prêtés par d’autres institutions comme cette peau d’oryx qui vient du musée du quai Branly.

Les beautés de la teinture indigo

Dans le regard des Touaregs qui dissimulent le reste de leur visage, on lit de la noblesse, de la pudeur et un sens aigu et indispensable de la poésie. Celle que l’on déclame, juché sur le dos des dromadaires parce que la route de ces nomades impénitents est longue et le désert interminable.

On les appelle les hommes bleus. Non pas parce que les étoffes dont ils se couvrent sont le plus souvent de cette couleur, mais parce que l’indigo avec lequel elles sont teintes se dépose sur les visages et les mains. Les femmes colorent leurs gencives en bleu pour accentuer la blancheur de leurs dents et peignent aussi leurs lèvres. Toutes les conditions sont remplies pour que le romantisme soit à son comble.

Ces fils du désert se répartissent sur les territoires de plusieurs nations du Sahara : l’Algérie, le Niger, le Mali, la Lybie et le Burkina Faso. D’ailleurs, ils n’aiment qu’on les désigne par le mot « touareg ». Ce sont les Arabes qui les ont ainsi baptisés. À l’instar des indiens Wendate que les colons d’Amérique du Nord appelaient Hurons. Et c’est pareil pour les Samis dans les contrées arctiques étiquetés Lapons.

Ce peuple berbère se reconnaît dans sa langue le tamasheq et se désigne comme étant celui qui en assure la tradition orale. Si vaste que soit le désert, ils se comprennent entre eux. Ils ont bien un alphabet et une écriture propre le tifinagh, mais ils la tracent dans le sable.

Ces fiers guerriers ont appris à s’adapter. Ils interagissent et commercent avec les peuples sédentaires qu’ils rencontrent. Ainsi leurs voiles et habits de prestige imbibés d’indigo sont préparés par les Haoussas de Kano. Ils les leur commandent et les achètent.

Les Touaregs sont plutôt forgerons et ils fabriquent des bijoux essentiellement en argent. Tous ceux qui chercheront chez eux traditions et objets millénaires en seront pour leurs frais. Quand les parures sont usées ou ont cessé de plaire, les femmes – qui sont piliers de la famille et détiennent la clé de la tente – les fondent pour les offrir à leurs filles. Ainsi, célèbrent-elles l’entrée de la petite fille dans l’adolescence en lui offrant colliers et bracelets que l’on appelle shatshat parce qu’ils font un joli petit bruit quand les jeunes beautés se déplacent.

Voyager pour survivre

Les Touaregs ont compris qu’ils attiraient les peuplent occidentaux et ils se sont adaptés pour commercer avec les touristes du désert. Ainsi la croix d’Agadès, qui a fait douter un instant d’éventuelles racines chrétiennes, est-elle proposée en coffret de 21 croix toutes différentes mais toujours rigoureusement géométriques.

Aujourd’hui que le désert est …déserté pour cause de terrorisme actif, ce sont les hommes bleus qui viennent à notre rencontre avec leurs objets manufacturés. Ils portent leur tenue traditionnelle dont ils savent qu’elle nous séduit. Des créateurs européens s’inspirent volontiers de leur culture. Ainsi Cotélac, Ombre Claire et la maison Hermès avec ses bijoux et carrés de la collection « Touareg ».

Aujourd’hui et à cause de l’influence des pays du Golfe, les femmes touarègues se sont mises à aimer les bijoux en or. Plus stables dans leur exécution et dans leur valeur. Ils sont aussi pour elles, une sorte d’assurance vie en cas de problème.

« La poésie berbère est d’une beauté saisissante, des extraits de poèmes accompagnent le visiteur dans l’exposition. Ainsi cet extrait de Chants Touaregs relevés par Charles de Foucault et signé de Sîdi-Mokhammed äg Ghotmam en 1906 "…j’ai un méhari gris souris que je prépare depuis un an, sa bosse est si haute que la crête de poils de son sommet porte ombre à la selle …je suspens à son côté mon bouclier enveloppé d’étoffe et mon fusil qui soupe de poudre fine…" ».

  


Même si leur image se brouille et que certains d’entre eux ont perdu de leur modération religieuse et n’accordent peut-être plus aux femmes la place privilégiée qu’elles ont toujours eue, la plus grande majorité, animée par un idéal de paix ne souhaite pas que des stéréotypes de violence se mettent à nourrir de nouveaux fantasmes négatifs.

Ils préfèrent cultiver à l’égard du monde la réputation de mystère, de noblesse et de raffinement, jouer avec leur image et la perception qu’en ont les occidentaux. Tout ce qui nous a séduits en d’autres temps moins troublés.