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À Lyon, on est habitué à la présence du Grand Hôtel Dieu. Qu’on en ait parcouru les couloirs pour s’y faire soigner ou visiter des malades ou que l’on ait tangenté ses façades en descendant vers le Midi des vacances, son dôme et ses façades noircies par la pollution font partie du paysage, surtout depuis 2010 date de sa fermeture et avant sa formidable renaissance... 

Cet impressionnant édifice qui compte huit siècles au compteur va renaître de ses cendres et changer de vocation sans rien perdre de sa splendeur. Car il est un des plus majestueux d’Europe et a servi de modèle pour beaucoup.

À la fin de cette année, les premiers commerces ouvriront sur le site du Grand Hôtel Dieu de Lyon. Gérard Collomb, le Maire de la ville devrait profiter de la Fête des Lumières pour procéder à l’inauguration de la première tranche de ces travaux pharaoniques autant que délicats. Fin 2018, ce sera le tour de la Cité de la Gastronomie.

Le génie de Soufflot.

Écouter un peu de l’histoire de cet édifice fastueux est un moment de pur bonheur. Construit au XIIe siècle, il est constitué de 50.000 m2 de planchers, 700m de galeries et 10 cours intérieures réparties sur 10 hectares.

Pendant des siècles, il a accueilli des pèlerins vers Saint Jacques de Compostelle et ailleurs. Les pauvres, malades ou indigents et de grands médecins. Dont un des plus illustres, François Rabelais en 1533. Il est naturellement, comme toujours à l’époque, entre les mains de l’Église. Entre Lyon et la santé, c’est une histoire qui dure. Déjà, au 6e siècle, le roi Childebert et son épouse Ultrogothe s’attellent à la tâche.

Au fil des siècles, l’Hôtel Dieu va connaître de nombreuses transformations. Mais c’est au siècle des Lumières avec l’architecte Soufflot que l’ensemble va connaître son apogée avec la construction et le développement des bâtiments.

Il en fera un trésor de conception et l’admiration des villes d’Europe qui le prendront pour modèle. Turin en est la réplique, Londres et encore l’Auberge Royale des Pauvres de Naples construite par un grand ami de Soufflot qui n’a alors que 27 ans !

« Gérard Collomb ricane un peu et, en l’occurrence on ne peut pas lui donner tort. De toutes les villes gagnantes, Lyon est la seule à mener à bien son projet de Cité de la Gastronomie. Inauguration fin 2018, juste avant le prochain Salon International de l’Hôtellerie et de la Restauration (SIRHA) qui accueillera une fois de plus les plus grands chefs du monde en janvier 2019. »

La transformation de cet édifice classé Monument Historique depuis novembre 2011 est un véritable défi aux savoir-faire sollicités.

À Lyon, quand on creuse, on trouve ! Les fouilles ont notamment mis à jour deux cimetières, juif et protestant. Des fresques du 1er siècle sont apparues après des opérations de désenfumage dont les tailleurs de pierre et les ébénistes du chantier se doivent de tenir compte.

Devant une œuvre de cette nature, l’idée d’éditer un beau livre « Le Grand Hôtel Dieu. Carnet de l’avant » aux éditions Libel s’imposait. Didier Repellin, architecte en chef des Monuments Historiques, Ombline d’Aboville et Frédérique Malotaux, historiennes et le photographe Ferrante Ferranti, en s’aidant des Archives Municipales, de celles de l’Hôtel Dieu et du Musée Gadagne, se sont attachés à restituer cette histoire fantastique. Qu’ils ont émaillée d’anecdotes sur la vie de l’hôpital comme le système d’évacuation des microbes que l’on appelait alors les miasmes ou encore l’installation du premier centre anti-cancer du docteur Léon Bérard.

En attendant la Cité Internationale de la Gastronomie.

C’est ainsi qu’au printemps 2012, elle a relevé le challenge lancé par la Mission Française du Patrimoine et des Cultures Alimentaires de se mettre sur les rangs pour héberger la future Cité de la Gastronomie. Avec un résultat en juin 2013 et 4 villes gagnantes Dijon, Lyon, Paris-Rungis et Tours. Dans le style « Ecole des Fans » de Jacques Martin ou l’art de la synthèse chère à nos dirigeants, hantés par le souci de faire plaisir à tout le monde.

Sans rien demander à personne, celle de Lyon, ouvrira donc sur 3600 m2 au cœur du Grand Hôtel Dieu et proposera un parcours interactif sensoriel, une exposition permanente et temporaires, des ateliers de dégustation. L’occasion d’en reparler se présentera naturellement. Juste avant, ce sera l’ouverture de l’hôtel Intercontinental et de ses 143 chambres 5 étoiles.

Mais en décembre 2017, les commerces, les bureaux et les logements ouvriront leurs portes. Rien d’iconoclaste dans le propos. Dès le 16e siècle, des échoppes étaient installées dans le périmètre de l’hôpital et des bijoutiers y sont restés jusqu’en 1959.

En route vers demain.

Les premiers commerces qui ont déjà signé de façon ferme et définitive offrent une palette variée qui permet de valoriser le lieu et d’attirer le public.

On citera AM.PM la marque haut de gamme de mobilier et d’objets de décoration de La Redoute, Wagamaga l’enseigne de cuisine pan-asiatique présente dans 18 pays et qui inaugurera sa première installation en France. Vatel Gourmet proposera des plats à emporter, une activité de traiteur et des pâtisseries fines, mais c’est une occasion pour l’entreprise dont le siège est à Lyon de rappeler que Vatel est le 1er groupe mondial d’enseignement supérieur de l’hôtellerie internationale avec 39 campus à travers le monde.

Beefhouse tentera de convertir les Lyonnais et les autres à la dégustation de viande de bœuf Waygu d’Argentine, de blonde de Galice espagnole et de Black Angus des USA. La parfumerie Fragonard de renommée mondiale a été, de son côté séduite par la mise en valeur du patrimoine et il faut mentionner aussi PwC, leader mondial en audit et en conseil qui rassemblera ses 300 collaborateurs sur le site.

On en attend d’autres et peut-être l’ouverture d’une brasserie Bocuse longtemps pressentie, mais il semblerait que les négociations soient au point mort.