Entre temps, on pourra se rendre à la rencontre de la châtaigne à Jaujac, à Joyeuse, à Antraigues où vécu longtemps Jean Ferrat, dans le ravissant village de Chalencon et quelques autres.
En guise de fil rouge, la Compagnie des Mobilettes, constituée de Judith et Lily, jolies danseuses vêtues et maquillées à la mode des années 50, viendra s’installer à la terrasse des cafés pour interpréter Café Frappé et tout leur répertoire sur des airs de mambo, boogie-woogie et autres rythmes entraînants.
Le dur labeur du castanéiculteur
La production du fruit de l’arbre à pain, qui a évité la famine à la population pendant de nombreux et durs hivers a été quasi éradiquée au milieu du 20ème siècle. En raison de l’exode rural, mais aussi des deux guerres qui ont cassé les bras des travailleurs en décimant les soldats que l’on avait arrachés à leurs terres.
Ajoutez à cela des maladies et c’est ainsi que l’on est aujourd’hui obligé de reconstituer la filière petit à petit en remobilisant les bonnes volontés. En cela, l’obtention de l’AOP en septembre dernier après l’AOC en 2006, a été capitale.
Il n’en demeure pas moins que, malgré des traitements biologiques qui passent par l’entretien des bois et le soin des arbres, les châtaignes continuent à se faire agresser par des insectes venus d’ailleurs. Après avoir touché l’Italie, célèbre aussi pour sa production, le cynips, vilaine larve venue de Chine s’attaque aux fruits depuis 3 ou 4 ans. La réponse ne passe bien sûr pas par des arrosages chimiques de pesticides, mais par le développement d’un ennemi naturel de la larve, le torémus.
On procédera cette année à la reconquête de 8000 ha de châtaigniers, 2000 pour la production de fruits et 6000 pour le bois de châtaignier qui a aussi sa renommée parmi les menuisiers.
Le travail du castanéiculteur est passionnant mais harassant et parmi les activités proposées pendant les Castagnades, il y a des balades avec des visites de châtaigneraies. Les randonneurs sont accompagnés par des conteurs (et des histoires en Ardèche, il y en a beaucoup !). Certains parcours proposent aussi la cueillette de champignons, d’autres se font à cheval. Il y en a pour tous les goûts.
La châtaigne de l’entrée au dessert
Dans tous les villages participants, les restaurants et tables d’hôtes s’attachent à proposer des menus spéciaux à base de châtaignes de l’entrée au dessert. Ce qui n’est pas compliqué car elle se prête à de multiples préparations comme en témoigne le livre La châtaigne en cuisine. Avec Adeline, Adèle, Christiane et les autres… paru pour l’occasion et que l’on peut se procurer auprès du Parc Naturel Régional des monts d’Ardèche.
Christiane Brioude qui fut longtemps cuisinière à Vals-les-Bains y raconte, plus qu’elle n’y délivre, ses recettes qu’elle ponctue d’anecdotes savoureuses. Elle cuit les châtaignes dans le vin de Syrah, agrémente la purée de châtaignes de goudoulet, un fromage ardéchois qui ressemble un peu au Cantal.
Elle nous apprend à réaliser la cousina, une formidable soupe de châtaignes parfumée aux feuilles de céleri. Écolière, elle n’hésitait pas à négocier avec l’instituteur pour aller « châtaigner ». Quand elle rentrait le soir, elle se mettait aux devoirs qu’il lui avait « marqués » sur son cahier. Tout ça après avoir parcouru 7 à 8 kilomètres pour rejoindre la châtaigneraie avec ses toutes petites jambes.
Week-ends rôties et autres gourmandises
Le meilleur moyen de vivre les Castagnades quand on est citadin et de faire plus ample connaissance avec la châtaigne, c’est encore de confier ses destinées à des professionnels locaux comme La Petite Cour Verte, la maison d’hôtes de Sylvie et Laurent, une bastide du 16ème siècle posée sur le massif du Tanargue ou encore à Barnas à Quinte et Sens chez Magali et Patrick qui proposent des programmes chaque week-end.
On apprend la récolte et le travail des châtaignes, on confectionne soi-même sa confiture, on participe à des ateliers pour apprendre à travailler ce généreux fruit de l’automne et aussi faire la différence entre la châtaigne qui est cloisonnée et le marron qui ne l’est pas. Et encore choisir ses châtaignes fraîches sur les marchés, les éplucher, (y compris en utilisant le four à micro-ondes), les conserver et s’en régaler.
Les ressources de la châtaigne sont infinies et réjouissantes. Chaque année, on se dit que la saison ne suffit pas pour en faire le tour. Tant mieux !