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Quand je vous le dis :
par Martine Montémont

 

 
« Ce qui manque le plus aux détenus de Corbas dans la banlieue de Lyon, c’est la voix de Simone. Déplacés en banlieue de Lyon, les condamnés ont la nostalgie de cette voix qui annonce les départs et arrivées des trains à la gare de Perrache et qui leur donnait le sentiment de partir. Douloureux aussi de ne plus avoir ses années rythmées par l’augmentation du trafic sur l’autoroute au moment des départs en vacances… »

 


Que tous les visiteurs qui s’imaginent qu’ils vont s’immerger dans le quotidien sordide des prisons en visitant l’exposition « Prison, au-delà des murs » au musée des Confluences à Lyon, sachent tout de suite qu’ils ne verront ni les cris, ni la crasse, ni les odeurs, ni le désespoir en face...

C’est d’autant plus vrai que nombreux sont les Lyonnais qui ont eu l’occasion de visiter les prisons de Perrache dans le cadre des Journées du Patrimoine en 2012 avant qu’elles ne soient déplacées à Corbas et ne laissent place à l’Université Catholique. Nombreux sont ceux qui en sont ressortis chavirés. Victor Hugo qui disait que « ouvrir une école*, c’est fermer une prison » en eût été heureux. 

L’exercice était périlleux. Comment ne pas être sordide ? Comment ne pas être larmoyant sur le sort des « pauvres » prisonniers qui ont quand même souvent de gros poids sur la conscience dont les victimes se seraient bien passées.

Ce genre de sujet d’exposition est une première en Europe. En déambulant entre les espaces, on est, dans un premier temps surpris par un côté aseptisé qui n’est pas très en phase avec l’idée que l’on se fait de l’incarcération, de ses épreuves et de ses miasmes.

Il faut s’enfoncer dans le sujet. Se laisser porter dans les petits théâtres optiques du Théâtre Nouvelle Génération de Lyon. Dans les espaces « derrière les barreaux » des cellules figurées qui montrent au moyen d’objets et de photos, comment les détenus « tuent » littéralement le temps. Découvrir les artistes enfermés pour délits d’opinion et mesurer, du coup, la relativité des délits à travers les siècles.

Car la prison est un progrès. Elle remplace certaines exécutions par la corde, la hache et autres aimables procédés avant la machine du docteur Guillotin. On voit les circonstances qui conduisaient en prison autrefois. Avortement, adultères, petits larcins. Et aussi d’autres prisons qui habitent notre imagination : le bagne, les camps de concentration et les maisons de correction. Ce qui amène tout droit vers les recherches en réhabilitation quand le prisonnier n’a pas pris « perpét » ce qui est somme toute, à tort ou à raison, assez peu courant

Il s’agit donc, et c’est là que l’on est au cœur de l’esprit scientifique que veut se donner la musée, à transformer la notion d’être « coupable » en être « capable », Avec des fortunes très, très diverses qui engendre forcément la contestation. Sujet on ne peut plus actuel.

Après Lyon jusqu’au 26 juillet 2020, l’exposition voyagera au Musée International de la Croix Rouge à Genève et au Deutsches Hygiene-Museum de Dresde qui en sont les coproducteurs. Dans le même temps, la fabuleuse Antartica sera présentée à l’Institut Royal des Sciences Naturelles à Bruxelles jusqu’au 30 août 2020.

*à condition bien sûr qu’il s’agisse d’écoles (primaires, élémentaires…) dignes de ce nom, mais il s’agit là d’un autre débat

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