Quand je vous le dis :
par Martine Montémont
« Autre estuaire, mais quelle ampleur, celui du Saint Laurent découvert en hiver quand il charrie des glaces impressionnantes et que, juchés sur des skis ou sur une luge en dévalant les pistes du Massif, on a l’impression que l’on va se jeter dans ses eaux fascinantes. »
En ce moment les estuaires font parler d’eux et c’est une occasion bien réjouissante de se rendre à la rencontre de ce phénomène d’ampleur par lequel les grands fleuves (mais aussi les petits côtiers évidemment) se jettent dans la mer ou l’océan, mêlant leurs eaux douces aux eaux salées...
Un grand projet est en cours à Cordemais sur l’estuaire de la Loire. On attendait l’ouverture du Centre de découverte pour le 8 juillet, mais de gros retards en reportent l’inauguration à février 2019.
En attendant, on découvrira les ressources de Terre d’Estuaire et des 60 km entre Nantes et Saint Nazaire en suivant les escapades complices aménagées cette année au moyen de jeux d’aventures à accomplir en famille.
3 thèmes sont à explorer, la fascinante rencontre des eaux de Saint-Brevin-les-Pins à Paimbœuf, l’appel de la terre de Saint-Brevin-l’océan à Saint-Viaud et, dans un tout autre genre, la quiétude des marais de Paimbœuf à Saint-Viaud.
Du côté de Bordeaux, c’est à la découverte du plus grand estuaire d’Europe occidentale, celui de la Gironde que nous invite Alexandrine Civard-Racinais avec son Guide de l’Estuaire de la Gironde, un petit ouvrage remarquable et enchanteur.
D’une jolie plume légère et poétique, elle raconte les 75 kms qui séparent l’union de la Garonne et de la Dordogne de l’embouchure devant le bec d’Ambès et les eaux blondes qui les caractérisent. Embarquée il y a quelques années à bord du Sinbad, superbe bateau de bois au départ du port de la Lune, croisant navires de commerces, gabarres et pétroliers et en croquant des chevrettes blanches, ces petites crevettes toutes claires macérées avec de l'anis étoilé et dont on se régale dans la région à l'apéritif. La « continentale » que je suis avais trouvé les eaux boueuses mais envoûtantes.
L’auteur raconte le charme des paysages et celui des vignes des Côtes de Blaye et autres merveilles, mais aussi ces phénomènes naturels enivrants : Il est question du « bouchon vaseux » et de la crème de vase charriée par la Gironde et aussi du mascaret qui naît de la rencontre entre le premier flot de la marée montante et la masse d’eau des fleuves. Il se caractérise par un grondement sourd qui va en s’amplifiant et donne le vertige à observer les vagues frontales ondulantes ou déferlantes en train d’une quinzaine successives.
Ce phénomène ne peut être observé que sur une centaine de sites dans le monde entier et la Gironde reste le seul endroit où on peut encore le contempler en France.
En se procurant l’ouvrage, on voit vite que le sujet est inépuisable et très inédit. De quoi explorer marais côtiers, rives escarpées, falaises calcaires, sites troglodytes, phares, châteaux viticoles et sites classés…