Quand je vous le dis :
par Martine Montémont
« C’est un mécène très sensoriel qui est partenaire de l’exposition. La société Givaudan donne à sentir des odeurs aussi variées que la terre mouillée, la taille de pierre et la fonte. Et raconte à l’occasion, cette belle histoire d’enfants de primaire, non-voyants, emmenés en voyage de classe en Normandie qui ont reçu en souvenir, non pas un inopportun album de photos, mais une boîte d’odeurs. Avec celle du car, du moteur, des chips, de la mer et tout ce qu’ils ont souhaité rapporter sous cette forme. »
Ne nous y trompons pas. Il ne s’agit pas de passer, exceptionnellement et pourvu qu’on ait la stature, une main aux fesses du David de Michel-Ange sur la place de la Seigneurie à Florence. D’autant qu’en l’occurrence, il s’agit d’une copie....
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Et c’est pareil pour les 10 œuvres présentées dans l’exposition « L’Art et la Matière. Prière de toucher » au musée des Beaux-Arts de Lyon jusqu’au 22 septembre. Elles reproduisent en résine et poudre de marbre les œuvres des musées participants. Il s’agit de développer l’accessibilité des œuvres aux personnes aveugles et malvoyantes et d’en enrichir la compréhension pour les autres visiteurs.
En binôme, les yeux bandés grâce à un audioguide. Diane, Martine, Nathalie, Jean-Paul malvoyants ont participé à un groupe de travail à l’occasion et Christian totalement non-voyant explique comment investir l’œuvre, sa taille, ses contours…
J’ai abordé ainsi un buste de femme en médaillon de 1532, avec la pulpe de mes doigts. Vu son visage lisse et sa pose alanguie, sa coiffure que j’ai par erreur imaginée venue du XIXème siècle avec son ornement de plume.
Je suis passée ensuite à la Koré, la délicate et exceptionnelle jeune fille grecque qui est une fierté du musée lyonnais. J’ai découvert ainsi sa chevelure, son nez fin, les plis de sa robe et ses boucles d’oreilles jamais perçues avant d’un simple regard.
Entre ces deux œuvres et moi-même rien ne sera plus jamais comme avant.
Après Montpellier et Lyon, l’exposition rejoindra Nantes, Lille, Rouen et Bordeaux pour un périple qui se déroulera jusqu’en mars 2022. À chaque présentation, les œuvres du musée Fabre sont rejointes par des copies d’œuvres du musée accueillant.