L'Hôtel de Ville de Limoges et sa Fontaine de porcelaine. Photo Matt Brown / Flickr (CC/by/2.0). |
Il faut en finir avec les à priori si on veut profiter un minimum de la vie et des étonnantes ressources des villes et des régions françaises. Limoges, par exemple, à l’instar de Nancy, - dont on est loin, très loin, d’avoir épuisé les charmes, - est une petite merveille où l’on peut s’adonner au plus élégant des shoppings sans être sûr d’en voir le bout en un seul séjour. Gants, chaussures, bijoux, sacs, vaisselle… Les Anglais, qui sont nombreux à fréquenter le Limousin , ont tout compris, eux !
Les compagnies low-cost ont vite mesuré le profit qu’il y avait à tirer d’une liaison vers le Limousin vert. Twinjet qui dessert Paris et Nice, Ryanair, Londres et d’autres villes britanniques et Flybe avec Southampton et Newcastle, font le plein tout l’été. C’est en revanche, une compagnie régionale Chalair qui opère la liaison entre Limoges Avignon, Ajaccio et Lyon. Ce qui permet aussi aux Limougeauds de rallier d’autres villes européennes via l’aéroport Saint Exupéry et aux Rhônalpins de renouveler leur porcelaine.
Au pays de l’arbre et de l’eau
Pour traiter les peaux avec lesquelles les 3 derniers gantiers de Saint-Junien réalisent les gants Haute Couture que l’on peut même se procurer dans la boutique du magasin d’usine de la maison Agnelle, il faut des agneaux et des chevreaux bien sûr, mais aussi beaucoup d’eau pour laver les peaux et des écorces de chênes et de châtaigniers pour les tannins.
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Dans toute la petite ville de Saint-Junien, des industries autour du cuir et des manufactures de porcelaine et d’émaux assurent la prospérité des lieux. Les déjeuners d’affaire se tiennent volontiers au restaurant Le Comodoliac qui sert la plus incomparable des viandes de bœuf limousin.
Cuir encore et luxe toujours, la fabrique de chaussures JM Weston est 100% limousine malgré son patronyme aux accents anglo-saxons. Là aussi, le magasin d’usine attire les foules, mais il faut tout de même compter environ 400 euros pour une paire de richelieus (moins 30% quand même). Mais une fois faites aux pieds de son propriétaire, ce sont les chaussures d’une vie.
La capitale des arts du feu
Autrefois, Limoges était baptisée la ville rouge. Si elle a continué longtemps à être désignée ainsi, ce n’est pas seulement parce que c’est en ses murs qu’est née la CGT en 1895, même si…, mais surtout parce que ses fours à porcelaine rougeoyaient à des kilomètres, troublant le voyageur, pris soudain d’une crainte respectueuse.
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Pour découvrir les différentes étapes de la fabrication, il faut suivre la visite guidée de la maison Bernardaud. On découvre ensuite les plus belles pièces créées pour de grands cuisiniers et on échoue naturellement dans la boutique qui vend non seulement de la vaisselle, mais aussi de ravissants bijoux en porcelaine. Juste à côté, le magasin d’usine propose des séries soldées des collections précédentes qui s’étalent sur plusieurs mètres de rayonnages.
Limoges, ville bijou
Classée ville d’Art et d’Histoire, Limoges qui met des porcelaines et des émaux partout, sur les places, les façades et les fontaines, n’est pas peu fière du classement de la Gare des Bénédictins parmi les 10 plus belles du monde. Elle a une coupole de 31 mètres de haut et un campanile perché à 61 mètres, tous deux coiffés de chapeaux de cuivre.
Il ne reste plus grand-chose de la vieille ville qui fut autrefois le quartier de la Boucherie avec des dizaines d’artisans qui faisaient commerce de viande. Il reste tout de même 52 maisons à colombages et la Maison de la Boucherie, un écomusée qui met en scène la vie de la corporation. S’attabler à L’Escapade du Gourmet permet aussi de profiter d’un décor de musée.
Il faut absolument parcourir le boulevard Louis Blanc en long et en large. C’est là que l’on trouve les magasins de ville des grands porcelainiers et il faut prévoir un bon moment pour fureter chez Lachaniette qui propose des porcelaines déclassées et un musée.
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Si les émaux de Limoges sont relativement méconnus du grand public, ils sont, pour de jeunes artistes une grande source d’inspiration et leurs créations comme celles de
la galerie d’Art et Émaux et Kharto valent le détour.Bruno Mercier qui tient commerce juste en bas de la rue est partout. Dans les vitrines de l’hôtel Mercure particulièrement bien tenu et dans celles de l’aéroport en cas d’oubli.
Au Musée des Beaux-Arts de Limoges, on peut admirer une collection d’émaux limousins de toutes les époques. Ceux-là même que l’on voit aussi au musée de l’Ermitage à Saint-Petersbourg qui sait reconnaitre les siens. Présentés en bonne place tout près des œuvres de Bernard Palissy que l’on ne saurait limiter à la céramique.
Le Musée National de la Porcelaine Adrien Dubouché Cité de la Céramique, expose une collection unique au monde de 12.000 pièces de porcelaine et qui veut en savoir davantage peut participer à des ateliers découverte à la Maison de l’Email qui dispose d’un four et de tout le matériel de fabrication. On y trouve aussi les créations les plus récentes des ateliers et la présentation de pièces uniques, sculptures, bijoux et autres objets émaillés et détournés.
Il est évident que la région (Aquitaine ou Poitou-Charentes ?) qui va annexer le Limousin dans le redécoupage administratif en cours, va hériter d’un vrai trésor. C’est peut-être aussi pour cela que tout le monde a l’air de tirer la couverture à soi. A suivre donc…