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Dans tout l’est de la France, c’est Saint Nicolas, le vrai saint patron des petits enfants et ils y croient encore davantage qu’au Père Noël (l’un n’empêchant pas l’autre…) Dans toute la Lorraine, il est fêté le 6 décembre avec ferveur. A Nancy, il investit la merveilleuse place Stanislas et, en allant à sa rencontre, on en profite pour découvrir le charme d’une des plus jolies villes de France.

Souvent, le cœur de la France a battu à Nancy. Relativement protégée des Dieux, la cité a été assez bien préservée des destructions. Au moment où une partie de la Lorraine a été rattachée au royaume de Prusse, les artistes, les industriels, les commerçants et leurs fortunes respectives sont venus s’y installer et sa population est passée de 45.000 habitants en 1870 à 120.000 juste avant la guerre de 14-18. Ce qui lui a conféré une prospérité artistique, intellectuelle et industrielle tout à fait enviable. 

On citera parmi ces « refusants » qui ne voulaient pas entendre parler de devenir Allemands, Jean Daum, notaire à Bitche, qui rachètera la verrerie et produira de la gobeletterie de luxe, puis des verres techniques. Il est un exemple parmi tant d’autres de tous ces talents qui ont construit la ville et dont on retrouve les œuvres dans les nombreux musées de la ville.
 
Art Nouveau, Ecole de Nancy certes, mais la ville est aussi à la pointe de l’histoire quand René II bat Charles le Téméraire au cours de la bataille de Nancy en 1477 et fait changer l’histoire d’époque en la transportant du Moyen-Age aux temps modernes.
 
Dans l’univers de Saint Nicolas
 
En choisissant de célébrer la Saint Nicolas à Nancy, on se prépare à un week-end de festivités qui tombe très précisément cette année aux dates des 6 et 7 décembre.
 
Dès le samedi, le centre de la ville attire le chaland avec de nombreuses animations. Autour du petit train touristique, des comédiens et autres magiciens investissent les rues avant le grand spectacle pyrotechnique sur la place Stanislas, une des plus belles d’Europe et dont les grilles recouvertes d’or fin ont nécessité l’emploi de 600g du précieux métal.

Le soir, il faut s’échapper de Nancy pour se rendre à la rencontre du cœur de la légende à Saint Nicolas de Port. Dès 20h30, plus de 4000 personnes se réunissent et allument leur flambeau en hommage à Saint-Nicolas. La basilique a été construite en 1093 pour abriter une relique rapportée par le chevalier lorrain Aubert de Varangéville. 

Une phalange du grand saint à laquelle on a attribué tant de miracles,- dont certains proprement stupéfiants comme la libération après des années de captivité en Turquie du seigneur de Réchicourt – que le culte de Saint-Nicolas s’est étendu à toute la vallée de la Moselle, du Rhin et dans toute l’Allemagne et les pays nordiques. Il s’agira cette année de la 769ème procession à Saint-Nicolas de Port.

 
Avant le défilé en soirée du dimanche des chars de Saint Nicolas, cette année sur le thème des Arts du Cirque, il ne faut pas manquer le village de la Marmaille, une délicieuse fête foraine atypique où l’on sert des bols de soupe et où des stands divers et variés se mêlent aux manèges d’autrefois.
 
On en profite pour s’égarer dans le vieux Nancy, à la découverte du Palais Ducal, de la cathédrale Saint-Epvre et pour prendre un bol d’air à la Pépinière, autrefois Royale, où ont été plantés 80.000 arbres et où trône une statue, signée Rodin, d’un autre Lorrain immense, le peintre Claude Gellée dont la peinture était si lumineuse que l’on disait de lui qu’il avait « le ciel dans sa tête ».
 
Il faut être dès 17h sur la place Stanislas car même si elle est vaste, elle ne rassemble que 30.000 personnes et les enfants sont nombreux à s’y presser.

Le grand Saint Nicolas occupe naturellement le dernier char en apothéose et distribue des bonbons aux enfants. Il porte la mitre, la crosse et il est accompagné de son âne fidèle et du Père Fouettard armé de ses martinets  avec lesquels il corrige les enfants pas sages.

Ce personnage-là n’est pas né de la dernière pluie. Son existence remonte au siège de Metz en 1552, c’est-à-dire à plus de 450 ans et les enfants adorent se laisser terroriser. D’autant qu’ils ne risquent pas grand-chose, on n’a encore enregistré aucune plainte.
 
Il entre ensuite à l’hôtel de ville pour se faire remettre les clés de la ville par le Maire sur le balcon de l’Impératrice et saluer la foule. Il aura monté, d’un pas alerte malgré son grand âge, l’escalier et sa grille de 25m construite d’un seul tenant par Jean Lamour. Encore un des trésors de la ville qui n’en manque pas.
 
La bonne ville du grand Stanislas
 
Si Nancy a toujours été prospère, c’est aussi qu’elle a été l’enfant gâtée du roi Stanislas. Il était le père de Marie Leczinska, épouse de Louis XV et avait été chassé de Pologne.
Son beau-père, le roi de France, au demeurant bien plus jeune que lui, lui alloua une pension de 2 millions de livres par an, ce qui représentait 1% du budget de la France.
 
Même si Stanislas était entouré d’une cour fastueuse, il n’oubliait pas le peuple lorrain qui l’avait surnommé le BienfaisantLa population bénéficiait de consultations gratuites avec les étudiants en médecine de la faculté et c’est en 1755 que la place qui porte désormais son nom a été créée en lieu de place des remparts qui longeaient la place de la Carrière qui date, elle, du Moyen-Âge.

Baptisée place Royale en hommage à Louis XV, elle témoigne du bonheur de vivre de Stanislas avec son entourage. Dont par exemple la marquise de Boufflers, baptisée « Madame de grande volupté » et dont l’épitaphe est « Ci-gît dans une paix profonde, la marquise de Boufflers, qui pour plus de sûreté, fit son paradis dans ce monde ». Ce qui en dit long sur l’art de vivre à la cour de Lorraine dont le mot d’ordre était que « le vrai bonheur, consiste à faire des heureux »

Stanislas est mort à 89 ans et encore, ce fut un accident. Ou pas. Impotent, il est tombé dans le feu au coin duquel il somnolait. La place a été restaurée en 2003 et elle est naturellement inscrite au patrimoine de l’Unesco.
 
Pour faire bonne mesure, on profitera aussi de ce week-end lorrain qui propose de nombreux forfaits pour déguster les spécialités gourmandes locales. La bergamote qui fut un médicament pour adoucir la gorge avant de parfumer le kir et la crème brûlée, les macarons secs et croquants des célèbres sœurs Macaron qui n’ont rien à voir avec les spécialités parisiennes de Ladurée. 

Il s’agissait en fait de petits gâteaux à la noisette et au blanc d’œuf que les bonnes sœurs confectionnaient pendant le carême. Les Saint-Nicolas en pain d’épices glacés au sucre et la farine du moulin artisanal de Guillemette à Nomexy que l’on peut aussi commander sur Internet.

Mais on n’oubliera pas de faire un tour, au moins pour boire un verre, à l’illustre brasserie l’Excelsior que tout le monde à Nancy appelle « l’Excel » pour admirer et profiter une fois encore de son décor fabuleux, fleuron de l’Ecole de Nancy.